vendredi 10 février 2017

La boucle

Un roman doit avoir du fond, évidemment, déployer une histoire, linéaire ou non, installer des personnages qui interagissent et une intrigue, quelle qu’en soit la nature, sentimentale, policière, historique… Il doit aussi adopter une forme, et c’est dans la forme, qui compte autant que le fond, que peuvent réellement s’exprimer la liberté et la créativité de l’auteur. Car toutes les histoires ont déjà été racontées et le seul vrai défi, aujourd'hui, consiste à trouver une façon différente de les mettre en scène.

Mon roman n’a pas la forme classique — attendue — d’un roman, et le titre que j’ai choisi dit ce qu’il en est : il s’agit effectivement de chroniques, soixante-deux, qui peuvent se lire presque indépendamment les unes des autres, comme des saynètes, des instantanés ou une série de photos. Elles s’insèrent dans un plan géométrique, symétrique, et sont de deux ordres : cinquante-six sont écrites à la première personne, et six à la troisième. Ces dernières, plus longues, forment une progression parallèle dans le cheminement même de l’histoire, elles donnent au lecteur des clés et un angle de vue complémentaires avant de recouper le récit principal, dans les toutes dernières pages.

Le choix n’est pas dû au hasard, puisque c’est justement le blog que j’ai tenu durant six ans qui m’a donné l’idée de cette structure — espace qui n’existe plus depuis quatre ans, il n’avait du reste aucun intérêt.

Pendant longtemps, j’ai cherché comment donner vie à la trame que j’avais aperçue dans le jeu de miroirs de mon inconscient, j’en désespérais parfois au point de penser que je ne savais pas raconter et qu’il faudrait bien que je me résolve un jour à admettre que je n’étais pas un conteur… alors que la solution était sous mes yeux. Je voulais un texte moderne, nerveux, concentré. C’est-à-dire, exactement les principes qui président à la rédaction d’un blog.

Écrire cela, ici, et boucler la boucle. Pour l'instant.

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